Les gestes gravés sur l’autel Maya Copán Q révèlent une langue cachée
Une nouvelle étude dirigée par Rich Sandoval, linguiste anthropologue, et ses collègues de l’Université d’État Métropolitaine de Denver, se penche sur l’Autel Q — un autel en pierre maya datant de la fin du VIIIe siècle, découvert à Copán, au Honduras. Sur les quatre faces, riches en gravures, apparaissent 16 souverains de Copán, chacun dans une pose des mains précise et des hiéroglyphes. Sandoval affirme que l’observation des gestes peut révéler bien plus que les textes : « J’ai déchiffré ces positions de mains comme des gestes ayant des significations très précises. » Selon lui, ces gestes pourraient indiquer l’existence d’un système d’écriture maya à deux scénarios, bien plus complexe que ce que l’on pensait auparavant.
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Les 16 rois de Copán et leurs gestes sur les quatre faces
L’autel Q porte les portraits de 16 rois de Copán sur ses quatre côtés, chacun étant sculpté avec une pose de main spécifique et des hiéroglyphes. Les gestes varient selon les faces Est, Ouest, Sud et Nord, et Sandoval affirme qu’ils portent des significations précises. « Presque partout où l’on voit les hiéroglyphes maya, on voit une figure, souvent au centre, au moins une figure, parfois plusieurs, avec une posture des mains unique », explique-t-il. En se concentrant sur les mains des 16 souverains, l’équipe a noté que deux gestes distincts ressemblent à des variantes du hiéroglyphe du zéro.
Une écriture maya double : deux scénarios, plus complexe que prévu
Sandoval propose que les Mayas, qui prospéraient dans le sud du Mexique et en Central America durant le Classic, employaient un système d’écriture à deux scénarios. « Auparavant, beaucoup de chercheurs pensent que l’écriture hiéroglyphique était la seule écriture maya », a-t-il déclaré. « Mon étude montre qu’il existe deux scénarios d’écriture. C’est beaucoup plus complexe que ce que nous pensions. » Cette hypothèse réinterroge ce que nous savons des textes royaux et de leur transmission du pouvoir.
Les gestes et les dates du Long Count
Selon Sandoval, les gestes des rois sur les faces Est, Ouest, Sud et Nord de l’autel représentent des dates dans le calendrier Long Count : 9.0.2.0.0 (27 novembre 437), 9.19.10.0.0 (30 avril 820), 9.16.13.12.0 (21 octobre 764) et 9.17.5.0.15 (7 janvier 776). Le Long Count est organisé en cinq blocs de jours : baktun, katun, tun, winal et kin. Les Mayas pensaient qu’un cycle complet durait 13 baktuns. Fait curieux : les dates ne sont pas directement exprimées dans les hiéroglyphes sur l’autel, ce qui est inhabituel pour un texte royal maya, selon Sandoval.
Controverses et perspectives d’avenir
Les collègues ne partagent pas tous l’interprétation. Alexander Tokovinin, anthropologue archéologue de l’Université d’Alabama, spécialiste de l’épigraphie maya, déclare : « Cela paraît très invraisemblable ; les données visuelles et textuelles semblent manipulées pour soutenir l’hypothèse de l’auteur. » Pour Sandoval, néanmoins, son travail pourrait jeter les bases de recherches futures consacrées au déchiffrement de l’écriture maya. À côté de cela, des stalagmites ont déjà été citées comme sources d’indices sur les causes de l’effondrement de la civilisation maya, rappelant que les découvertes archéologiques s’inscrivent dans des récits pluridisciplinaires.