Les enfants australiens bannis des réseaux sociaux: une expérience mondiale qui pourrait tout changer
Après des mois d’attente et de débats, l’interdiction des réseaux sociaux en Australie est désormais en vigueur. Les jeunes Australiens de moins de 16 ans doivent désormais prendre acte de la nouvelle réalité: il leur est interdit d’avoir un compte sur certaines plateformes sociales, notamment Instagram, TikTok et Facebook. Seule l’avenir dira si cette audacieuse expérience, première au monde, réussira. Malgré cela, de nombreux pays envisagent déjà de suivre l’exemple de l’Australie. Liens associés : Le défilement sur les réseaux sociaux a un effet unique sur votre corps. Mais d’autres juridictions adoptent une approche différente pour tenter de protéger les jeunes en ligne. Voici ce qui se passe à l’étranger.
In This Article:
- Panorama international : l’Europe prête à suivre l’exemple et à agir
- Nouvelle-Zélande et le cap sur une législation similaire
- Pakistan, Inde et Malaisie: variables internationales pour protéger les jeunes
- France: une réflexion intense sur les protections et les limites
- Espagne, Norvège et Danemark: à l’épreuve des âges et des libertés
- Danemark et les vérifications d’âge à l’échelle européenne
- Corée du Sud et Japon: des chemins divergents
- Les États-Unis face à la vague australienne
- Conclusion: pas de solution miracle et résonances mondiales
- Note de l’auteur et source
Panorama international : l’Europe prête à suivre l’exemple et à agir
En novembre, le Parlement européen a appelé à une interdiction similaire des réseaux sociaux pour les moins de 16 ans. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré qu’elle étudie les restrictions australiennes et ce qu’elle a décrit comme «des algorithmes qui ciblent les vulnérabilités des enfants», laissant les parents impuissants face «à la déferlante de la grande tech inondant leurs foyers». This section présente un aperçu des développements dans d’autres juridictions et les réactions qui accompagnent l’expérience australienne.
Nouvelle-Zélande et le cap sur une législation similaire
En octobre, la Nouvelle-Zélande a annoncé qu’elle introduirait une législation similaire à celle de l’Australie, à la suite du travail d’un comité parlementaire pour examiner la meilleure manière de remédier aux dommages causés par les plateformes de réseaux sociaux. Le rapport du comité sera publié début 2026.
Pakistan, Inde et Malaisie: variables internationales pour protéger les jeunes
Le Pakistan et l’Inde visent à réduire l’exposition des enfants à des contenus nuisibles en introduisant des règles exigeant le consentement parental et la vérification d’âge pour l’accès à la plateforme, ainsi que des attentes de modération de contenu pour les entreprises technologiques. La Malaisie a annoncé qu’elle interdira l’accès des enfants de moins de 16 ans aux réseaux sociaux à partir de 2026. Cela fait suite à la décision du pays d’exiger que les plateformes de réseaux sociaux et de messagerie comptant huit millions d’utilisateurs ou plus obtiennent des licences pour opérer, et utilisent des vérifications d’âge et des mesures de sécurité du contenu à partir de janvier 2025.
France: une réflexion intense sur les protections et les limites
La France envisage également une interdiction des réseaux sociaux pour les enfants de moins de 15 ans et un couvre-feu de 22h à 8h pour l’utilisation des plateformes par les 15-18 ans. Ces propositions apparaissent parmi les 43 recommandations formulées par une enquête française en septembre 2025, qui recommandent également l’interdiction des smartphones à l’école et l’établissement d’un crime de « négligence numérique » pour les parents qui ne protègent pas leurs enfants. Alors que la France avait introduit en 2023 l’obligation pour les plateformes d’obtenir le consentement parental pour les enfants de moins de 15 ans afin de créer des comptes sur les réseaux sociaux, cette mesure n’est pas encore appliquée. Il en va de même en Allemagne, où les enfants âgés de 13 à 16 ans ne peuvent accéder aux plateformes qu’avec le consentement parental, mais sans contrôles formels en place.
Espagne, Norvège et Danemark: à l’épreuve des âges et des libertés
En Espagne, l’âge minimum pour les comptes sur les réseaux sociaux passera de 14 à 16 ans, sauf consentement parental. La Norvège a annoncé en juillet viser à restreindre l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, le gouvernement expliquant que la loi serait « conçue conformément aux droits fondamentaux des enfants, y compris la liberté d’expression, l’accès à l’information et le droit d’association ». En novembre, le Danemark a annoncé qu’il « interdit l’accès aux réseaux sociaux pour toute personne de moins de 15 ans ». Cependant, contrairement à la législation australienne, les parents peuvent contourner les règles pour permettre aux 13 et 14 ans de conserver l’accès à une plateforme. Aucune date de mise en œuvre n’a été fixée, les législateurs prévoyant des mois pour adopter la loi.
Danemark et les vérifications d’âge à l’échelle européenne
Il est aussi incertain de savoir comment l’interdiction danoise sera appliquée. Le pays dispose toutefois d’un programme national d’identification numérique qui pourrait être utilisé. En juillet, le Danemark a été nommé dans le cadre d’un programme pilote (avec la Grèce, la France, l’Espagne et l’Italie) pour tester une application de vérification d’âge susceptible d’être déployée à l’échelle de l’Union européenne pour les sites pour adultes et d’autres fournisseurs numériques.
Corée du Sud et Japon: des chemins divergents
La mise en œuvre de restrictions similaires n’est pas adoptée partout. La Corée du Sud a décidé de ne pas imposer une interdiction des réseaux sociaux pour les enfants. En revanche, elle interdira l’utilisation des téléphones portables et d’autres appareils en classe à partir de mars 2026. Dans la ville de Toyoake (au sud-ouest de Tokyo, au Japon), une solution très différente a été proposée. Le maire Masafumi Koki a émis un règlement en octobre limitant l’utilisation des smartphones, tablettes et ordinateurs à deux heures par jour pour les personnes de tous âges. Koki est conscient des restrictions australiennes. Mais comme il l’explique: «Si les adultes ne sont pas tenus aux mêmes normes, les enfants n’accepteront pas les règles». Cette ordonnance, bien que non contraignante et ayant suscité des réactions, a amené 40 % des habitants à réfléchir à leur comportement et 10 % à réduire leur temps passé sur les smartphones.
Les États-Unis face à la vague australienne
L’opposition aux restrictions australiennes a été extrêmement véhémente et significative. Les médias et les entreprises technologiques américaines ont exhorté le président Donald Trump à « réprimander » l’Australie au sujet de sa législation. Ils soutiennent que les entreprises américaines sont injustement ciblées et ont déposé des plaintes officielles auprès du Bureau du commerce américain. Le président Trump a déclaré qu’il « se dresserait contre tout pays qui aurait attaqué les entreprises technologiques américaines ». Les États-Unis ont récemment demandé à la commissaire de l’eSafety, Julie Inman-Grant, de témoigner devant le Congrès. Le républicain Jim Jordan a affirmé que son application de la Online Safety Act « impose des obligations aux entreprises américaines et menace la liberté d’expression des citoyens américains », ce que Inman-Grant a vigoureusement nié.
Conclusion: pas de solution miracle et résonances mondiales
Alors qu’une grande partie du monde semble unanime dans son inquiétude face au contenu nuisible et aux caractéristiques algorithmiques que les enfants rencontrent sur les réseaux sociaux, une chose est certaine: il n’existe pas de solution miracle pour remédier à ces préjudices. Il n’existe pas non plus d’ensemble universel de restrictions ni d’âge précis auquel les législateurs s’accordent sur le fait que les enfants devraient avoir un accès non restreint à ces plateformes. Beaucoup de pays en dehors de l’Australie donnent davantage de pouvoir aux parents pour décider ce qui convient à leurs enfants et réfléchissent à la meilleure manière d’appliquer des restrictions si elles sont adoptées. Alors que les experts soulignent les défis techniques liés à l’application des restrictions australiennes, et que les jeunes Australiens cherchent des solutions de contournement ou de nouvelles plateformes, d’autres pays continueront d’observer et de planifier leurs prochaines étapes.
Note de l’auteur et source
Lisa M. Given, Professeure des sciences de l’information etDirectrice de la Social Change Enabling Impact Platform, RMIT University. Cet article est republié du The Conversation dans le cadre d’une licence Creative Commons. Lire l’article original.