Le zoo spatial russe revient sur Terre: 75 souris, 1 500 mouches et une Arche de Noé en capsule
Quand l’humanité s’aventure dans l’espace, elle n’emporte pas seulement des machines: elle transporte aussi des êtres vivants de la Terre. Le satellite Bion-M No. 2 de Roscosmos a ramené un véritable « zoo » vivant, avec 75 souris, plus de 1 500 mouches, des microorganismes, des graines et des cultures cellulaires. L’objectif était de réaliser plus de 30 expériences en orbite basse pour mieux comprendre comment la vie fonctionne en gravité réduite et sous radiation cosmique. Cette connaissance cherche à préparer les futures missions humaines de longue durée et à améliorer la sécurité des équipages. À l’atterrissage dans les steppes de l’Orenbourg, le module de descente a été surnommé « Noah’s Ark » en raison de son chargement d’organismes vivants. Le voyage s’est terminé dans des conditions difficiles: le module a provoqué un incendie de broussailles dû à la chaleur, rapidement maitrisé afin de récupérer les expériences sur place.
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Une mission scientifique pour comprendre la vie en microgravité
Cette mission était une collaboration entre Roscosmos et l’Institut des problèmes biomédicaux. Elle visait à tester, dans l’espace, la survie et le fonctionnement des êtres vivants et à jeter des bases pour des systèmes de vie plus robustes. Au-delà des données biologiques, les expériences avaient pour ambition de concevoir des systèmes de support vital capables de résister à l’absence de gravité et à la radiation, conditions essentielles pour les futures missions humaines de longue durée. Le chargement comprenait des souris, des mouches, des microorganismes, des graines et des cultures qui devaient révéler leurs réactions face à l’environnement spatial.
Retour dramatique et pertes: dix souris décédées et des mouches examinées
Le retour sur Terre a été marqué par une chaleur intense qui a provoqué un petit incendie de broussailles dans la steppe, rapidement éteint par les secours avant de récupérer les échantillons. Sur le bilan des animaux, dix souris n’ont pas survécu au voyage. Les spécialistes ont aussi examiné les mouches pour dépister d’éventuels dommages au système nerveux et mieux comprendre les effets de l’espace sur les plateformes vivantes. Le module surnommé « Noah’s Ark » a permis de ramener des occupants vivants à étudier, malgré ces pertes.
Des expériences pour l’avenir des voyages spatiaux et la panspermie
Parmi les expériences figurait une tentative d’éprouver la panspermie: tester si des bactéries sur des roches basaltiques pourraient survivre à la rentrée atmosphérique. Cette démarche illustre l’ambition de comprendre l’origine de la vie et les limites de la vie dans l’espace. Les résultats de cette expérience n’étaient pas encore rendus publics au moment du rapport, mais ils intéressent les chercheurs qui envisagent des scénarios où la vie pourrait voyager entre les corps célestes.
Contexte géopolitique et avenir de l’exploration: qui mène la course lunaire?
Aujourd’hui, l’exploration spatiale russe évolue dans un paysage géopolitique et économique difficile. Roscosmos est loin de son image d’antan: l’invasion de l’Ukraine a affaibli les collaborations avec les institutions occidentales et entravé les partenariats internationaux. La course vers la Lune devient de plus en plus un duel sino-américain: l’agence spatiale chinoise (CNSA) est en passe d’établir une présence humaine permanente sur la Lune, faisant de la Chine la puissance spatiale dominante. Du côté américain, l’administration Trump a licencié des milliers d’employés de la NASA et annulé des missions déjà financées. Le récit de Bion-M No. 2 rappelle les risques, les coûts et l’espoir qui entourent l’exploration spatiale: un futur où les alliances et les rivalités comptent aussi bien que la science.