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Le feu vert n’est pas vert au Japon: il s’appelle 'ao' et c’est un compromis inattendu

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Le Japon est un pays où l’histoire et la haute technologie coexistent. Pour les passionnés d’automobile, les rues deviennent une scène où la culture se lit dans les feux lumineux. Le plus surprenant n’est pas l’esthétique des voitures, mais la couleur des feux de circulation: officiellement, le feu qui indique « aller » n’est pas vert mais s’appelle « ao ». La norme internationale des signaux routiers, née de la Convention des signaux et panneaux routiers signée en 1968, fut adoptée aujourd’hui par 75 pays. Elle précise que le vert signifie « aller » et le rouge « s’arrêter ». Or ni les États‑Unis ni le Japon n’ont signé ce traité, et le Japon conserve une approche singulière qui influence le quotidien sur les routes.

Le feu vert n’est pas vert au Japon: il s’appelle 'ao' et c’est un compromis inattendu

La couleur et la langue: pourquoi «ao» couvre bleu et vert

Pendant des siècles, le japonais utilisait le même mot pour bleu et vert: « ao ». Bien que le mot pour vert soit aujourd’hui « midori », la tradition persiste et « ao » sert encore à décrire des objets et des signaux qui semblent bleus ou verts dans l’usage quotidien. Les feux de circulation, installés dès les années 1930, étaient parfois appelés « green ». Après la Seconde Guerre mondiale, la Road Traffic Act les décrit comme « ao », et cet usage s’est pérennisé dans le langage et dans les pratiques. Katsuhiro Ito, spécialiste de langue et de culture, rappelle: « Quand les signaux de circulation ont été introduits au Japon [dans les années 1930], le feu vert était parfois appelé green… Cependant, après la Seconde Guerre mondiale, la Road Traffic Act a décrit le feu comme ‘ao’, et on l’appelle ainsi depuis lors. » Dans les années 1970, le pays a opté pour une teinte bleu‑vert, parfois nommée « grue » ou « bleen ». Aujourd’hui, certains feux paraissent clairement verts, d’autres bleu‑gris, mais tous restent officiellement étiquetés « ao ».

La couleur et la langue: pourquoi «ao» couvre bleu et vert

Entre normes internationales et réalité locale: le bleu-vert persiste

La norme ONU sur les signaux routiers n’est pas universellement adoptée: le Japon et les États-Unis ne l’ont pas signée. Cette réalité montre comment des systèmes locaux, façonnés par l’histoire et la langue, résistent parfois aux efforts d’harmonisation mondiale. Au lieu d’imposer une teinte unique, le Japon a cherché un compromis pratique: une couleur qui peut être portée par le lexique existant (« ao ») tout en s’alignant sur la fonction universelle du signal: aller ou s’arrêter.

Entre normes internationales et réalité locale: le bleu-vert persiste

Des signes peints à la main et des détails qui sauvent des vies

Autre particularité japonaise: l’ajout de panneaux peints à la main a réduit les accidents routiers de manière significative, montrant que les outils humains et la langue peuvent coéxister avec les technologies les plus modernes. Par ailleurs, la langue influe même sur les noms des objets du quotidien: par exemple, une Granny Smith est appelée « aoringo », un mot qui commence par « ao » et rappelle la couleur traditionnellement associée au bleu. Ainsi, la couleur n’est pas qu’une teinte technique: elle est une histoire culturelle qui traverse le droit, la langue et la sécurité routière et qui continue de façonner le quotidien.

Des signes peints à la main et des détails qui sauvent des vies