No Image x 0.00 + POST No Image

L'aube de l'identité humaine : un visage sur pierre à Karahantepe

SHARE
0

Depuis des millénaires, l’humanité cherche à se comprendre. À Karahantepe, au cœur de la Turquie, les archéologues annoncent une découverte qui pourrait réécrire l’origine de l’identité individuelle et de l’art : le plus ancien visage humain gravé dans la pierre. Sur un pilier en forme de T, un visage est nettement sculpté — orbites profondes, nez long et traits nets — un portrait identifiable, pas une simple abstraction. Daté d’environ 10 000 avant notre ère et vieux d’environ 12 000 ans, ce visage pourrait marquer l’aube d’un concept de soi dans l’histoire humaine, et l’idée que l’art du portrait accompagne l’émergence des premières sociétés.

L'aube de l'identité humaine : un visage sur pierre à Karahantepe

Karahantepe : une cité néolithique et ses piliers en forme de T

Karahantepe est l’un des premiers centres connus d’une culture organisée au Néolithique pré-potier. Perchée sur les hauteurs calcaires des montagnes Tek Tek, la zone révèle des Piliers en forme de T massifs et des enceintes de pierre datant d’environ 10 000 av. J.-C. (environ 12 000 ans). Le site se situe environ 22 miles à l’est de Göbeklitepe et environ 34 miles du centre de Şanlıurfa. Les archéologues estiment que Karahantepe montre des conceptions architecturales plus sophistiquées que Göbeklitepe et illustre des débuts de vie communautaire organisées, avec des habitations et des motifs sculptés d’animaux qui témoignent d’un art et d’un urbanisme naissants.

Karahantepe : une cité néolithique et ses piliers en forme de T

Quand l'art précède l'histoire : portraiture et société au tournant du Néolithique

Cette découverte remet en question l’usage des piliers : étaient-ils seulement structurels ou symboliques, ou bien les premiers pas d’un autoportrait sculpté ? La réponse semble pencher vers une conscience de soi précoce, et peut-être le début d’un portrait gravé dans la pierre. En 2023, les fouilles ont aussi révélé l’une des sculptures les plus réalistes de l’époque: un homme tenant les deux mains sur son sexe, fixée au sol sur une banquette, datée d’environ 11 400 ans. Cette représentation, associée à d’autres statues animales — un vautour, serpents, oiseaux, lapin, gazelle — et à des artefacts de la vie quotidienne comme des meules, suggère une société néolithique qui documentait son monde à travers l’art. Mehmet Nuri Ersoy, ministre de la Culture et du Tourisme de la République de Turquie, a déclaré : « Jusqu’à présent, les obélisques supposés représenter des humains ont pris une signification plus profonde grâce à cette découverte ». Les fouilles, commencées en 2019, démontrent que Karahantepe était un centre plus complexe qu’on ne le pensait et qu’il témoigne d’un mode de vie social structuré à l’aube de l’agriculture et de l’établissement durable.

Quand l'art précède l'histoire : portraiture et société au tournant du Néolithique