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Kinam, le bois ordinaire qui peut coûter autant qu'un appartement de luxe à Moscou

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Dans les jungles d'Asie du Sud-Est se cache un trésor que les collectionneurs du monde entier rêvent d'acquérir. Imaginez : un morceau de bois d'apparence banale peut coûter comme un appartement de luxe au centre de Moscou. Cela ressemble à un conte de fées ? Et pourtant non. Il s'agit d'un bois pour lequel on paie plus cher que les diamants. On l'appelle kinam, et il existe réellement. Mais le trouver — c'est comme gagner un milliard à la loterie. Et les chances le sont encore moins. L'histoire du kinam commence avec l'arbre d'agar ordinaire. Il pousse dans les forêts tropicales du Vietnam, d'Indonésie, du Cambodge et de Birmanie. L'arbre lui-même n'a rien d'exceptionnel — bois clair, presque sans parfum. Mais parfois se produit la magie. Ou plutôt, le malheur de l'arbre, qui se transforme en opportunité pour son futur propriétaire. Lorsqu'un champignon particulier pénètre dans le tronc, commence une transformation incroyable. L'arbre ne se rend pas sans combattre — il commence à produire une résine protectrice. Denses, sombres, parfumées. Année après année, la résine imprègne le bois, modifiant sa structure et son parfum. Ce processus peut s'étendre sur des décennies. Parfois sur des siècles. Plus l'arbre infecté est âgé, plus il devient précieux. « Il est absolument impossible de prédire quel arbre exactement deviendra porteur de la résine sacrée. C'est comme la roulette russe, mais les enjeux se mesurent en millions de dollars », — disent les chasseurs de kinam.

Kinam, le bois ordinaire qui peut coûter autant qu'un appartement de luxe à Moscou

Comment un champignon transforme un arbre en trésor rare et convoité

Essayez d'imaginer l'odeur dans laquelle se mêlent des notes de vanille, de fleurs, de musc, de fruits et d'ambre. Et elles sont si harmonieuses que les grandes maisons de parfumerie du monde se battent pour les reproduire depuis des années. Et elles échouent. L'arôme du kinam véritable ne peut pas être synthétisé. La nature a créé le parfum parfait que l'homme n'a pas encore réussi à reproduire en laboratoire. Quand on enflamme une petite copelette de kinam, l'arôme se révèle complètement — complexe, multiforme, envoûtant. Il n'est pas surprenant que cet arbre attire non seulement les fabricants de cosmétiques haut de gamme. Dans les temples bouddhistes, le kinam est utilisé depuis des siècles pour l'encens. Les moines croyaient que la fumée de bois brûlé ouvrait le chemin vers le divin. Quand le monde a appris que l'arbre infecté pouvait valoir une fortune, ce fut la folie. Dans les jungles d'Asie, une véritable chasse s'est déployée. Des hectares de forêts ont été défrichés — les chercheurs de richesse espéraient trouver au moins un arbre convoité parmi des milliers d'arbres ordinaires. Les forêts ont été défrichées pendant longtemps, sans regard pour l'avenir.

Comment un champignon transforme un arbre en trésor rare et convoité

Le marché du kinam: records, risques et gardes du temple

Un marché noir est apparu. Les braconniers travaillaient dans la nuit, armés de tronçonneuses et rêvant de fortune. Les gouvernements ont tenté d’arrêter les coupes, mais les immenses sommes d’argent tournoyaient dans ce business. Les fermiers ont trouvé une échappatoire : cultiver des arbres d’agar sur des plantations et les infecter délibérément par le champignon. Mais il y a une nuance : ce bois de plantation coûte des dizaines de fois moins cher. Parce que le bois « de plantation » est abattu après quelques années, alors que le kinam sauvage véritable se forme sur des siècles. La différence se ressent immédiatement. Comme entre le miel naturel et le sirop de sucre. Ce kinam « fermier » a aussi sa valeur, mais des milliers de fois moindre que celui formé par la nature. Maintenant, parlons argent. Dix grammes de kinam de qualité peuvent se vendre pour cent mille dollars. Vous avez bien lu — dix grammes ! C’est moins d’une cuillère à soupe. Voici à quoi ressemblent ces précieux morceaux de bois. À Shanghai, on a vendu deux kilos de bois pour près de 18 millions de dollars. Les mathématiques sont simples : le kilogramme a coûté neuf millions au lecteur/acheteur. Il existe une histoire encore plus impressionnante : un morceau de kinam pesant seize kilogrammes et âgé de six cents ans s’est vendu pour vingt millions de dollars. Pour un arbre qui autrefois ne poussait que dans la forêt ! Dans le temple cambodgien Wat Bang Kradan se trouve un exemplaire spécial. Il est gardé par des moines et des militaires. 24 heures sur 24. Avec des armes. Des hommes d’affaires japonais ont offert au temple vingt-trois millions de dollars. L’abbé a refusé. Parce que pour le temple ce n’est pas juste un arbre — c’est une relique, une valeur spirituelle qui ne peut être mesurée par l’argent. Pour les moines, tout dans le temple et autour a une valeur qui ne peut être mesurée. Bien sûr, vingt-trois millions est aussi un argument. Mais l’abbé s’est montré coriace. L’or est extrait tous les jours. Des tonnes de métal sortent des entrailles de la terre, refondues et vendues. Oui, c’est cher. Mais il y en a beaucoup. Et il y en aura encore plus. Pour le kinam, tout est différent. Il ne peut pas être cultivé en un an ou deux. On ne peut pas commander sa production. On ne peut pas le créer artificiellement. On ne peut que attendre — des décennies, voire des siècles — que la nature et le hasard produisent un nouveau chef-d’œuvre. Le kinam est une rareté en son genre. Une loterie où gagne l’un sur des dizaines de milliers. Un matériau né de la maladie, du temps et de la volonté du hasard. C’est là toute sa magie : le kinam unit la nature, le mysticisme, la passion humaine pour le beau et, bien sûr, l’ancienne cupidité. Il symbolise le luxe que l’on ne peut pas acheter sans une chance incroyable. Quelque part, dans les jungles, pousse en ce moment un nouvel arbre qui, dans cent ans, approchera peut-être le statut de fortune pour quelqu’un. Mais personne ne sait où il se trouve exactement. Et c’est là toute la nature. Et vous, vendriez-vous un arbre pareil pour 23 millions de dollars si on vous le léguait par héritage ? Ou la valeur spirituelle est-elle plus précieuse que l’argent ?

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