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Entre la peur, la nécessité et l’adrénaline : la Route des Yungas, frontière entre vie et mort

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À plus de 4 600 mètres d'altitude, sur 64 kilomètres qui relient La Paz à la région des Yungas, s’étire la Route des Yungas, surnommée la « Route de la Mort ». Des décennies d'accidents et des centaines de vies perdues ont forgé cette légende. Chaque mètre arraché à la montagne a coûté cher : le dénivelé approche les 3 000 mètres. Le souvenir des tragédies est gravé dans des moments forts, comme le crash du 24 juillet 1983, lorsqu’un bus de plus d'une centaine de passagers est tombé d'un ravin de 300 mètres, faisant notamment huit touristes israéliens parmi les victimes.

Entre la peur, la nécessité et l’adrénaline : la Route des Yungas, frontière entre vie et mort

Une route née dans la douleur : la construction forcée par les prisonniers de guerre

La route a été tracée dans les années 1930 par des prisonniers paraguayens, après la guerre du Chaco, obligés de percer ce passage à travers les Andes. Chaque mètre a été arraché à la montagne au prix de nombreuses vies : les estimations oscillent entre 600 et plusieurs milliers de morts pendant la construction.

Une route née dans la douleur : la construction forcée par les prisonniers de guerre

Le danger quotidien : pas de garde-fous, virages étroits et météo traîtresse

Aujourd’hui, la vieille route manque cruellement de garde-fous et présente des sections aussi étroites que trois mètres, avec une circulation bidirectionnelle. Le climat est imprévisible : brouillard dense, pluies abondantes et roches qui se transforment en cascades, rendant la chaussée glissante et dangereuse. Les chiffres exacts restent incertains car de nombreux incidents n'ont pas été enregistrés ; néanmoins, on déplore chaque année jusqu'à une dizaine de pertes humaines.

Le danger quotidien : pas de garde-fous, virages étroits et météo traîtresse

L'étrange logique de la route : circulation à gauche dans un pays à droite

Bien que la Bolivie conduise à droite, sur la Route des Yungas la circulation est à gauche. Cette conception vise à placer le conducteur près du bord pour mieux contrôler l'approche des ravins. Lors des rencontres, la règle « celui qui monte a la priorité » était appliquée, afin que l’ascension ne perde pas le contrôle sur ce tracé fragile. Ces choix n’évitent pas les accrochages et les sorties de route dans les virages étroits, où l'espace manque et où une collision peut basculer dans le vide.

L'étrange logique de la route : circulation à gauche dans un pays à droite

La renaissance touristique et les risques actuels

En 2007, une route parallèle entièrement asphaltée a été ouverte : plus large, mieux protégée et dotée de regards et d’un drainage efficace. L’ancienne voie a été fermée, mais la vie du tourisme extrême n’a pas été éteinte. Aujourd’hui, des touristes descendent à vélo d’une altitude proche de 5 000 mètres jusqu’à la zone tropicale, sur un trajet d’environ quatre heures, en descente, sur un itinéraire à sens unique, encadré par des guides et un véhicule d’accompagnement. En 2020, deux cyclistes français, ignorant les interdictions, ont atteint 60 km/h dans un virage serré et ont chuté sur 250 mètres : un rappel brutal que la nature demeure impitoyable même dans un cadre organisé. La route est utilisée de manière sélective : des éboulements et des glissements ferment régulièrement des sections, et les autorités hésitent à tout nettoyer. Certains prédisent sa fermeture finale ; d’autres pensent qu’elle subsistera comme mémorial de l’audace humaine.

La renaissance touristique et les risques actuels