Des lapins cornus existent réellement — une légende devenue découverte scientifique
Les découvertes les plus spectaculaires naissent parfois là où l’on les attend le moins. Le « lapin cornu », autrefois considéré comme une blague folklorique et une curiosité pour cartes postales et récits au coin du feu, serait réel. En Amérique, dans les années 1930, des chasseurs ramènent des lapins dont le front porte des protubérances dures ressemblant à des cornes. Bientôt, l’idée d’un animal fictif s’éloigne: et si la légende contenait une part de vérité? Cette énigme attire l’attention du biologiste Richard Shope, qui décide d’approfondir l’affaire. Ce qui commence comme une question devient le déclencheur d’un tournant majeur en biologie et en médecine.
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Des excroissances aléatoires, pas de véritables cornes
Les observations de Shope montrent que les protubérances ne correspondent pas à de vraies cornes d’ongulés: elles apparaissent dans des endroits totalement aléatoires sur la tête, et leur nombre et leur forme varient d’un individu à l’autre. Dans certains cas, ces excroissances gênaient même l’alimentation et l’hydratation. Quelques mois après le début des expériences, les « cornes » se détachent et ne repoussent plus. Les lapins se portent bien comme si de rien n’était.
Le virus provoque les excroissances: une étape majeure
Intrigué, Shope collecte des échantillons de cornes, les réduit en poudre et les filtre pour enlever les bactéries, puis prépare un traitement. Il l’applique sur des lapins sains et, surprise, des excroissances apparaissent à leur tour. La conclusion: les excroissances ne sont pas des os ou de simples verrues; elles résultent d’une infection virale. La découverte relie ces excroissances à un papillomavirus — proche du virus du papillome humain (VPH). Cette révélation éclaire deux domaines: les tumeurs virales et la mise au point du vaccin contre le VPH.
Du laboratoire à la nature: implications et réassurance
Dans la nature, le papillomavirus du lapin circule dans certaines populations américaines et se transmet notamment par les morsures d’insectes d’un animal malade à un animal sain. Pour la plupart, les excroissances disparaissent avec le temps et n’endommagent pas le comportement de l’animal. En cas d’immunité faible, les excroissances peuvent pousser n’importe où et gêner l’alimentation; dans les cas extrêmes, l’animal peut mourir de malnutrition plutôt que du virus. Des épisodes virulents entraînent des pics d’observation publique — des “lapins cornu” — sur les réseaux. Les scientifiques rassurent: ces animaux restent inoffensifs pour l’homme et ne deviennent pas des prédateurs. Cette histoire a montré que les virus peuvent façonner la vie sur Terre et a ouvert la voie au vaccin contre le VPH.