Adrénaline et miel: 1 200 mètres de falaise, 700 ruches et l’espoir fragile d’une abeille en voie d’extinction
Imaginez une falaise de 1 200 mètres de haut dans le parc national Shen-nongjia, dans la province du Hubei. Sur ses faces, 700 boîtes en bois sont fixées comme des nids de hirondelles. Ce n’est pas une scène de cinéma: c’est le sanctuaire des abeilles sauvages Apis cerana cerana, menacées d’extinction. Pour autant, alors que la Chine fournit près de la moitié du miel mondial, plus de 80% des populations d’abeilles sauvages locales ont disparu. Des apiculteurs courageux montent ces parois chaque année, risquant leur vie pour préserver le fragile équilibre de l’écosystème. Ce reportage explore leur combat et ce que cela signifie pour la biodiversité de la région.
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Un refuge vertical: la falaise comme demeure
La muraille d’abeilles est fixée sur la paroi et abrite des milliers d’individus d’Apis cerana cerana. Les boîtes en bois collées comme des marches obligent les apiculteurs à gravir la falaise pour atteindre les ruches, et l’accès au sommet se fait par corde. Cette localisation extrême sert aussi à protéger le miel des ours qui peuplent la région: à une telle hauteur, les animaux restent loin. Le parc national Shennongjia réunit des zones climatiques variées — subtropicale, tempérée et froide — et abrite environ 1 300 espèces végétales, offrant nectar et pollen tout au long de la saison et créant un véritable paradis pour les abeilles.
Le coupable invisible: l’abeille européenne et sa crise
Les scientifiques pointent du doigt l’arrivée en Chine des abeilles européennes, Apis mellifera. Elles apportent de nouvelles infections et perturbent les rituels de reproduction des abeilles locales. Le résultat est catastrophe pour ce peuple d’abeilles: plus de 80% des populations d’abeilles sauvages ont disparu.
Une abeille unique: ses atouts et sa place dans l’écosystème
L’Apis cerana cerana est plus petite et produit moins de miel que l’abeille européenne, mais elle est mieux adaptée au climat local et résiste à certaines maladies. Elle peut aussi polliniser des plantes inaccessibles pour Apis mellifera, ce qui rend sa disparition potentiellement dévastatrice pour l’écosystème. Dans le parc Shennongjia, la diversité florale — environ 1 300 espèces — garantit nectar et pollen tout au long de la saison.
Sauver par la science et le courage
Le projet ne se limite pas à placer des ruches sur une falaise. Des chercheurs de plusieurs universités chinoises étudient le comportement, la génétique et l’adaptation des abeilles à des environnements changeants. Ils ont créé une banque génétique des abeilles chinoises pour pouvoir restaurer la population si nécessaire. Des pistes d’hybridation avec Apis mellifera sont même envisagées pour combiner les qualités des deux espèces. Regarder ces apiculteurs gravir la falaise rappelle que protéger la biodiversité exige courage, persévérance et respect des traditions. Pour suivre ces aventures et découvrir des lieux étonnants et des cultures lointaines, abonnez-vous à notre chaîne. Un lien de soutien est disponible pour aider le média à poursuivre ses reportages.